Dans notre société actuelle, l’idée d’être maître de sa propre existence est à la fois séduisante et essentielle. L’autodétermination, ce mot mystérieux qui résonne avec une grande puissance, représente la capacité pour chaque individu de prendre des décisions concernant sa propre vie, sans que des influences extérieures viennent interférer abusivement avec ce processus.
De quoi parle-t-on exactement quand on évoque l’autodétermination ?
L’autodétermination peut être comprise à plusieurs niveaux. Au sens politique, elle désigne le droit des peuples à décider librement de son statut politique, sans influence indue de forces externes. Mais aussi dans le contexte qui sont nous intéresse, elle concerne davantage la capacité d’une personne à agir comme l’agent causal de sa propre vie, à faire des choix concernant sa qualité de vie, librement et sans influence externe excessive.
L’autodétermination des est donc ce processus par lequel chaque personne accompagnée peut être gouverner sa vie, prendre des décisions et mener des actions visant son environnement bien-être selon ses valeurs propre volonté. C’est une activité qui place l’individu comme acteur principal de son identité existence, lui permettant de décider pour lui-même dans tous les aspects de sa vie quotidienne.
Pour une personne accompagnée, l’autodétermination signifie avoir la possibilité d’exprimer ses besoins et ses choix préférences, puis de voir son environnement s’adapter pour lui permettre d’exercer ses choix en toute liberté de choix. C’est un droit fondamental qui s’inscrit dans une reconnaissance de la dignité inhérente à chaque être humain.
Définir le concept d’auto détermination
L’autodétermination n’est pas simplement un terme à la mode ; c’est un droit fondamental qui offre aux personnes accompagnées la possibilité de façonner leur avenir selon leurs propres termes. À la base, il s’agit de faire des choix ses actions, comprendre les implications de ses décisions, et apprendre de ces dernières tout au long du chemin.
La théorie de l’autodétermination, développée initialement dans le cadre de la psychologie, explique que la motivation intrinsèque d’une personne à agir découle de la satisfaction des besoins de trois besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie, la compétence et l’appartenance sociale. Ces trois besoins sont essentiels pour qu’un individu puisse se sentir autodéterminé.
Concrètement, pour les personnes accompagnées confrontées à des défis, qu’ils sont physiquement ou mentalement imposants, cette capacité peut être sembler difficilement accessible. Toutefois, elle demeure cruciale car elle contribue grandement à l’amélioration du bien-être général et favorise le lien social.
Pourquoi la Haute Autorité de Santé a-t-elle pris en considération ce concept d’auto détermination ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) a intégré le concept d’autodétermination dans ses recommandations car elle reconnaît son importance fondamentale pour une meilleure qualité de vie des personnes accompagnées. Cette approche s’inscrit dans une évolution des pratiques d’accompagnement qui sont plus respectueuses des droits des personnes et de la dignité des personnes accompagnées.
En effet, la HAS considère que l’autodétermination est un facteur déterminant pour le bien-être psychologique et contexte social des individus. Les études ont permis de démontrer que les personnes accompagnées qui exercent leur autodétermination présentent une meilleure satisfaction de vie, une meilleure confiance en soi et une participation sociale accrue.
De plus, ce concept répond à une évolution sociétale qui valorise désormais l’inclusion et l’autonomie des personnes en situation de handicap. L’UNAPEI et d’autres organisations militent depuis des années pour que l’autodétermination des personnes soit reconnue comme des droit fondamental pour toute personne accompagnée, quelles que sont ses capacités ou sa situation.
Les recommandations de la HAS visent ainsi à transformer les pratiques professionnelles pour qu’elles soutiennent activement l’autodétermination des personnes accompagnées, à travers une formation adaptée des professionnels et la mise en place d’environnements favorables.

Les piliers fondamentaux de l’auto détermination
1. L’autonomie personnelle
L’autonomie est sans aucun doute au cœur de l’autodétermination. Les individus doivent être préparés et soutenus pour prendre des raisons personnellement significatives. Cette autonomie se construit progressivement, avec l’aide d’environnements facilitateurs qui encouragent cette indépendance.
En pratique, cela signifie créer des lieux où les ses choix sont non seulement possibles mais valorisés. Cela implique aussi de ne pas faire à la place de quelqu’un d’autre, mais plutôt de l’accompagner dans son processus décisionnel. L’autonomie n’est pas l’absence de soutien, mais plutôt la capacité à décider pour soi-même avec le soutien adapté dont on a besoin.
2. L’autorégulation
Être capable de gérer ses propres émotions et comportements fait également partie intégrante de l’autodétermination. C’est une activité acquise par l’expérience, permettant aux personnes d’évaluer les situations, de tirer des enseignements de leurs erreurs et de s’adapter aux changements environnementaux.
Par exemple, lorsqu’une personne est face à un défi imprévu, sa capacité à rester sereine et à analyser calmement ses choix est un signe clair d’une autorégulation efficace. Cette compétence s’acquiert par l’apprentissage et l’expérience, et peut être soutenue par un accompagnement adapté qui valorise les essais et les apprentissages tirés des risques.
3. L’autoréalisation
Il s’agit de la reconnaissance par la personne accompagnée de ses capacités personnelles et de ses limites. En comprenant ses valeurs et ses vulnérabilités, une personne peut mieux orienter ses efforts et développer des stratégies adaptées à ses objectifs spécifiques.
Ce processus d’autoréalisation nécessite souvent un soutien externe, notamment des professionnels qui sont aider à faire le point sur ces attentes individuelles de manière réaliste. Il s’agit d’accompagner chaque personne accompagnée vers une meilleure connaissance de soi-même, pour qu’elle puisse fixer des objectifs atteignables et significatifs.
La motivation intrinsèque joue ici un rôle crucial : lorsqu’une personne poursuit des objectifs qui ont du sens pour elle, sa persévérance et son engagement sont naturellement plus élevés.
Favoriser l’autodétermination des personnes dans diverses sphères de la vie
Soutenir l’intégration communautaire
Permettre à chacun de participer activement à la société encourage l’inclusion sociale et pérenne. Les personnes accompagnées autodéterminées sont plus à même de s’intégrer dans leur communauté et d’y apporter leur contribution unique.
Pour favoriser cette intégration, il est essentiel de développer des ressources communautaires accessibles à tous et adaptées aux besoins de chaque personne accompagnée. Cela peut être inclure des services de transport adapté, des programmes de loisirs inclusifs, ou encore des opportunités d’emploi variées.
Accompagnement éducatif
À travers divers programmes éducatifs, on peut être promouvoir l’apprentissage de stratégies d’autogestion chez les jeunes adultes. Ces programmes visent à développer les compétences nécessaires pour que chaque individu puisse devenir autodéterminé.
L’éducation à l’autodétermination comprend l’apprentissage de la prise de décision, la résolution de problèmes, la fixation d’objectifs, et l’auto-évaluation. Elle peut être intégrée dans les cursus scolaires ou proposée dans le cadre d’une formation continue.
Amélioration structurelle
Mettre en place des infrastructures qui couvrent les besoins variés des personnes renforce l’accès équitable à l’autodétermination. Cela inclut l’adaptation des lieux de vie, de travail et de loisirs pour qu’ils soient accessibles à tous.
Le soutien actif des communautés joue un rôle crucial dans le développement de l’autodétermination, car il procure aux individus les outils dont ils ont besoin pour évoluer de manière indépendante tout au long de leur vie.
Les étapes essentielles vers l’auto détermination
Identification du projet
Définir clairement ce que l’on souhaite accomplir, qu’il s’agisse de trouver un logement indépendant ou de décrocher un emploi. Cette étape est fondamentale car elle donne une direction à l’action.
Pour une personne accompagnée, cette identification peut être faire avec le soutien d’un professionnel, mais la décision finale doit toujours venir de la personne accompagnée elle-même. C’est elle qui doit déterminer ce qui est important pour elle, en fonction de ses valeurs et de ses aspirations.
Recherches et évaluations
Explorer les ressources disponibles, évaluer les possibilités et les obstacles potentiels rencontrables. Cette phase d’investigation permet de préparer au mieux la réalisation du projet d’établissement.
Elle implique souvent de se renseigner sur les options disponibles, de consulter différentes sources d’information, et parfois de faire des essais pour déterminer ce qui convient le mieux. L’accompagnement peut être ici consister à faciliter l’accès à ces informations et à les rendre compréhensibles.
Prise de décision informée
Considérer toutes les options viables et effectuer un choix enraciné dans les aspirations et les contraintes personnelles. C’est à cette étape que l’autodétermination se manifeste pleinement, lorsque la personne accompagnée décide par elle-même de la voie à suivre.
Ces étapes soulignent à quel point un accompagnement personnalisé peut être bénéfique. Être autonome ne veut pas dire être seul. Le monde actuel propose une variété infinie de structures de soutien prêtes à guider chacun à travers ce labyrinthe qu’est la vie.

Le comportement autodéterminé en pratique
Un comportement autodéterminé se caractérise par quatre éléments essentiels :
- La personne accompagnée agit de façon autonome
- Le comportement est autorégulé
- La personne accompagnée initie et répond aux événements avec autonomisation psychologique
- La personne accompagnée agit de manière autoréalisée
Ces comportements ne sont pas innés mais peuvent être appris et développés tout au long de la vie, avec un soutien adapté. Ils sont manifestés dans toutes les sphères de la vie quotidienne, des choix les plus simples aux décisions les plus importantes.
Par exemple, une personne en situation de handicap qui choisit son lieu de vie, ses activités quotidiennes, ou encore qui participe activement à son projet d’établissement, démontre un comportement autodéterminé. Ces actions peuvent sembler banales pour certains, mais elles sont fondamentales pour l’épanouissement personnel.
Des enjeux contemporains à solutionner pour une meilleure autodétermination
Malgré toutes les discussions sur l’autodétermination, certains obstacles subsistent encore. Les idées préconçues autour des questions de capacité et d’autonomie provoquent souvent des réflexions erronées sur ce que les individus peuvent ou ne peuvent pas faire.
Un autre problème réside dans les surfaces légales bureaucratiques qui entourent l’indépendance individuelle. Bien que certaines réglementations favorisent l’autodétermination, mal interprétées ou inflexibles, elles peuvent devenir de véritables entraves.
Dans notre société actuelle, il est crucial de repenser les structures pour qu’elles soutiennent vraiment l’autodétermination de chaque individu. Cela implique de former les professionnels, de sensibiliser le grand public, et de développer des politiques publiques favorables.
Questions fréquentes sur l’auto détermination
Comment la famille peut-elle soutenir l’autodétermination ?
La famille joue un rôle essentiel dans le soutien de l’autodétermination. Elle doit encourager l’individu à exprimer ses préférences et faciliter des expériences par lesquelles il peut essayer différents rôles sociaux. La communication ouverte est cruciale, tout comme des respect des décisions prises par la personne accompagnée, même si elles impliquent des risques calculés.
Les familles peuvent parfois avoir tendance à surprotéger leur proche, par peur ou par habitude. Pourtant, c’est en laissant la personne accompagnée faire ses propres expériences et même ses propres erreurs qu’elle pourra développer son autodétermination. Un équilibre doit être trouvé entre protection et liberté.
Quels obstacles à l’autodétermination les personnes en situation de handicap peuvent-elles rencontrer ?
Les principaux obstacles incluent les stigmates sociaux, le manque d’accès aux ressources et la sous-estimation persistante des capacités des personnes en situation de handicap. Les barrières architecturales et les environnements non adaptés limitent parfois la participation active. Un support adapté et inclusif est indispensable pour surmonter ces obstacles.
De plus, les attitudes paternalistes, qui consistent à décider « pour le bien » de la personne accompagnée sans la consulter, constituent un frein majeur à l’autodétermination. Ces attitudes sont souvent bien intentionnées mais elles privent la personne accompagnée de son droit fondamental à l’autodétermination.
Comment les professionnels peuvent-ils efficacement contribuer à l’autodétermination ?
Les professionnels peuvent offrir un accompagnement structuré qui respecte les choix personnels de l’individu. Offrir des formations axées sur le développement personnel d’habiletés autonomes et la prise de décision peut être très puissant. De plus, ils doivent fournir des informations claires sur les droits des personnes et les opportunités offertes aux personnes qu’ils accompagnent.
L’approche centrée sur la personne accompagnée est ici fondamentale : il s’agit de considérer la personne accompagnée comme l’experte de sa propre vie, et de travailler avec elle plutôt que pour elle. Cela implique un changement de posture professionnelle, passant de l’expert qui sait ce qui est bon pour l’autre à un partenaire qui soutient la personne accompagnée dans la réalisation de ses propres objectifs.
Conclusion
L’auto détermination représente bien plus qu’un simple concept théorique ; c’est une aspiration profondément humaine et un droit fondamental. Elle permet à chaque individu, quelle que soit sa situation, de vivre une vie qui a du sens pour lui, en accord avec ses valeurs et ses aspirations.
Pour une société véritablement inclusive, il est essentiel de reconnaître et de soutenir l’autodétermination des personnes, quelle que soit leur situation. Cela implique de repenser nos structures sociales, nos pratiques professionnelles et nos mentalités pour qu’elles favorisent l’autonomie et la participation de chacun.
En définitive, l’autodétermination n’est pas seulement bénéfique pour les personnes accompagnées, mais elle enrichit aussi notre société dans son ensemble, la rendant plus diverse, plus juste et plus humaine.